En plus de ces trois principales collections, le musée conserve des modèles pour l'art industriel composés d'un important fonds d'objets historiques et d'arts décoratifs propres à inspirer les dessinateurs de rubans ou les graveurs sur armes œuvrant dans les industries d'art stéphanoises. Céramiques, émaux, ivoire, miniatures, dessins, orfèvrerie, médailles et monnaies témoignent du rôle charnière du musée dans le lien qui unit art et industrie.
Parmi les trésors d'art décoratif du musée, un instrument de musique exceptionnel appartenant au musée depuis la fin du 19e siècle :
La présence des initiales « AR » fixées dans la rosace et d'une date, « 1621 », peinte au dessous sur la table d'harmonie incitèrent à l'attribuer au célèbre facteur flamand Andréas Ruckers. Cependant, la décoration extérieure en « façon de Chine » dorée sur fond noir et rouge correspond à une esthétique en vogue en Europe et particulièrement en France à la fin du 17e siècle et surtout 18e siècle. L'origine de sa fabrication, probablement française, voire parisienne, s'avère donc plus complexe que prévue faisant de ce clavecin un instrument exceptionnel.
Mentionné, à la fin du 19e siècle, comme « piano à queue japonais », dans une liste de collections figurant dans une salle d'exposition permanente du musée, cet instrument est probablement entré dans les collections au titre des modèles d'art décoratif. Compte tenu du fort enrichissement des collections après guerre et du recentrage des thématiques autour de l'art moderne et contemporain, le clavecin n'était plus présenté dans les salles du musée au milieu des années 1970. Dès lors, il fut placé et conservé dans une réserve interne du musée.
Sa disparition des salles permanentes suscitait depuis plusieurs années l'inquiétude, l'impatience et parfois l'incompréhension des mélomanes et musiciens de la région. En 1984, l'Académie Musicologique du Forez était la première revue à s'intéresser au sort du clavecin du musée d'Art et d'Industrie de Saint-Étienne. Par la suite, d'autres articles de presse avaient été publiés, soulignant à chaque fois la somptuosité des décors de chinoiseries.
Son état, car trop déterioré, l'empêchait d'être exposé aux publics. Des éléments de l'instrument avaient disparu, comme la mécanique, un clavier, les cordes, des sautereaux mais ceci n'est pas irrémédiable. De fait, depuis 2007, le musée d'Art et d'Industrie a entrepris des actions de conservation préventive et lancé des études scientifiques pour sa connaissance et sa remise en état durable d'exposition. Des examens et des analyses ont permis de déterminer les matériaux constitutifs de l'œuvre. Le décor sous-jacent a été examiné par rayonnement infrarouge tandis que le vernis et les retouches superficielles ont été révélés par la photographie de fluorescence sous ultraviolets. La table d'harmonie a fait l'objet d'une datation par dendrochronologie. Ainsi, cet instrument fait figure de pièce isolée car sa provenance et son histoire ne sont pas encore précisément établies mais il présente des caractéristiques peu communes qui ont suscitées un réel intérêt de la part des experts et des mélomanes. Des ateliers flamands à ceux de la capitale parisienne, des examens endoscopiques ou macroscopiques aux lumières fluorescentes sous ultraviolets, l'histoire de ce clavecin peu commun était en marche...
A l'issue de sa restauration complète éffectuée sur les années 2013 et 2014 comprenant la restauration des décors de la caisse et de la dorure du piétement mais sans remise en état de jeu de l'instrument, le clavecin a donc été présenté au musée pour les Journées Européennes du Patrimoine au mois de septembre 2014.