Le musée d'Art et d'Industrie conserve et valorise le patrimoine représentatif des grandes industries de la région stéphanoise. Les trois domaines les plus marquants que sont l'armurerie, la rubanerie et l'industrie du cycle sont présentés en salles permanentes. Néanmoins, des expositions temporaires sont l'occasion de mettre en valeur d'autres industries stéphanoises dynamiques dont le musée collecte la mémoire.
Les collections industrielles et commerciales du musée se sont enrichies au gré de collectes successives effectuées auprès d'entreprises ou de particuliers. Leur composition vient compléter l'histoire industrielle de Saint-Étienne en documentant la dimension innovation commerciale.
Ainsi, elles rassemblent des objets issus d'entreprises créatives comme celle de Henry Brun, fabricant de postes de radio et de télévision dans les années 1940-1950 (29 téléviseurs et 32 radios), acquises en 1999 à sa fermeture. Plusieurs instruments d'optique, comme une vingtaine de lentilles de l'entreprise Thalès-Angénieux, et des instruments de mesure trouvent aussi leur place dans les collections du musée, dont l'industrie de pointe porte actuellement la renommée du savoir-faire local au-delà de nos frontières.
Nul besoin de présenter Casino, dont la première épicerie dirigée par Geoffroy Guichard et Antonia Perrachon, son épouse, se trouvait "Rue des jardins" (Michel Rondet) à Saint-Etienne au début des années 1890, avant que des succursales ne soient créées à partir de 1898.
Le musée possède plus de 500 objets de la société, comme des tampons, albums d'images, objets corporatifs (tasses, assiettes), objets vendus (savons, pulvérisateur manuel) et un triporteur des années 1930 destiné aux livraisons à domicile. Depuis 2016, il conserve aussi des objets de collection déposés par le Groupe CASINO.
En outre, Saint-Étienne rassemble à partir de la fin du XVIIIe siècle, puis au XIXe siècle plusieurs chocolateries de renom sur son territoire. Le développement de cette industrie est le fait, d'une part, de l'intérêt de la bourgeoisie industrielle locale pour cette friandise. La présence des cours d'eau favorables à la production de cette industrie, des voies de communication fluviale et ferroviaire ainsi que des ouvriers qualifiés sur le territoire ont aussi joué un rôle dans son implantation.
Au XXe siècle, les pâtissiers locaux sont nombreux à se lancer à leur tour dans cette production gourmande. Autant de noms évocateurs pour nos papilles, dont le musée conserve des boîtes, moules, étiquettes, emballages : Escoffier fondé en 1770 devenu Granetias dans les années 30, Pupier créé en 1860, Weiss installé en 1882 à Saint-Etienne, Favarger implanté en 1906 pour n'en citer que quelques-uns.
Mais l'entreprise la plus emblématique des productions manufacturières de la ville reste sans doute Manufrance, cette Manufacture Française d'Armes et Cycles de Saint-Etienne créée en 1885 par Etienne Mimard et Pierre Blachon.
La production des armes puis des cycles (1901) s'est rapidement diversifiée aux articles de pêche, aux machines à écrire Typo vers 1910 puis aux machines à coudre Omnia vers 1930, tout en poursuivant les gammes d'outillages, de vêtements, articles ayant trait à la vie domestique, aux loisirs, au plein-air.
"Tout ce que vous pouvez désirer se trouve dans ce Tarif", aimait-on rappeler dans les pages du catalogue qui fut le premier en Europe à proposer la vente directe par correspondance (1885) et, diffusé à plus de 300 000 exemplaires. Le musée conserve à l'heure actuelle plus de 750 objets produits et vendus par l'entreprise, ainsi que plus de 1000 photographies rappelant son histoire, présentant ses ouvriers à l'œuvre, ses laboratoires de recherche et ses bâtiments à la pointe de la modernité, supports à la création de son Tarif-Album.
Ainsi, les collections rassemblent 55 machines à coudre, des machines à écrire de différentes époques, plus de 400 objets de la vie courante, du mobilier d'entreprise, de nombreux cycles et toute la gamme des armes emblématiques : le fusil Idéal, le Simplex, le Robust, le Falcon et de nombreux révolvers.
Mais tout objet, toute machine, ne prend entièrement son sens que grâce au travail des hommes qui les forgent, les modulent et les animent. Toute entreprise rayonne souvent du fait de sa direction et de ses employés.
Ainsi le musée œuvre-t-il dans la conservation de la mémoire ouvrière et la transmission des savoir-faire en collectant le patrimoine oral des industries locales.
Il recueille des témoignages oraux, filme des gestes amenés à disparaître, photographie des locaux et bâtiments d'industries en activité ou lors de leur fermeture.
Des passementiers entretiennent et activent régulièrement les métiers à tisser des collections, des teinturiers, des graveurs sur armes interviennent au musée pour effectuer des démonstrations et partager leurs savoirs.