Actuellement fermé au public, le parcours rubans, débute sa modernisation. Entièrement rénové, il réouvrira ses portes le 23 novembre 2023.
Histoire de la collection
La collection de ruban prend racine dans le musée de fabrique fondé par les grands fabricants et par les frères Hedde vers 1849. Ces collections sont successivement complétés au cours du 19ème siècle par des legs, dons ou acquisitions dont l'objectif est de relever les qualités professionnelles des artisans stéphanois en leur montrant des modèles esthétique ou technique leur permettant de s'instruire, de s'inspirer et de découvrir de nouveaux procédés.
Modèles réduits, innovations techniques, échantillons brodés, tissés et imprimés, soieries lyonnaises et japonaises, tapisseries ou chef d'oeuvres textiles en peinture à l'aiguille sont autant de moyens mis à disposition pour atteindre ces objetifs. La bibliothèque du musée met également à disposition à cette époque les registres d'échantillons des prud'hommes et de différentes fabriques comme source d'inspiration pour les ouvriers d'art.
Ateliers de passementiers et machines et mobilier textiles illustrant le processus de fabrication du ruban, esquisses, mises en carte, gravure de mode, registre d'échantillons de rubans et liasses de rubans sont autant d'items sauvegardés dans le cadre d'une politique d'acquisition raisonnée.
Cette collecte est accompagnée d'un travail scientifique de fond plus précis organisé sous forme d'entretiens et de films permettant de sauvegarder la mémoire et les savoir-faire anciens de la fabrique rubanière stéphanoise. De nouvelles pistes d'acquisition en découlent dès les années 1980 sous forme de collectes annuelles ou bi-annuelles d'échantillons contemporains auprès des entreprises encore en activité. En 2002, un fond plus spécifique à la mode se met en place avec l'acquisition de robes de haute couture composées uniquement de ruban illustrant les usages contemporains de ce matériau.
La collection de rubans et soieries
Les collections de rubans sont conservées sur trois types de supports : rubans en pièce, registre de rubans et boites de rubans contenant plusieurs milliers de liasses.
Le musée d’art et d’Industrie peut se prévaloir d’entretenir comme outil de référence le dépôt de modèles, déposés au Conseil des Prud’hommes. De 1812 à 1980, chaque fabricant de ruban de la région stéphanoise déposait aux Prud’hommes les modèles de sa création présentant un “ caractère de nouveauté ”, au plan technique ou au plan esthétique, afin d’en assurer la protection pour un an, voire 10 ans. Une fois la durée de protection passée, le Conseil envoyait les boîtes cachetées contenant les échantillons au musée pour l’archivage.
Les conservateurs du musée confectionnaient alors des registres, où chaque échantillon porte le numéro d’ordre d’un inventaire permettant de connaître l’année, le mois du dépôt et le nom du fabricant. Cet ensemble de 400 000 échantillons a été complété ensuite par des collectes annuelles ou bi-annuelles directement auprès des entreprises.
Le musée conserve également de nombreuses collections d’échantillons sur registres propres à certaines maisons stéphanoises ( environ 1200 registres de maisons prestigieuses comme Gérentet-Coignet, Troyet, Giron ou Staron), plusieurs dizaines de milliers de liasses de rubans ( Fraisse-Merley, Staron, Colcombet, Rebour) ainsi que des rubans ou passementeries inventoriés individuellement et provenant des expositions industrielles.
Le musée conserve par ailleurs la prestigieuse collection de soieries de la maison Staron, qui développa dès les années 30, à côté du ruban, des collections de soieries destinée à la haute couture parisienne ( environ 30 000 pièces). Il s'agit d'un ensemble exceptionnel tant par l'originalité stylistique des dessins que par la qualité technique d'exécution.
Les productions contemporaines complètent les collections et témoignent de la vivacité des savoirs-faire du textile étroit en matière de mode, décoration, ameublement et passementerie. Ces productions mettent par ailleurs au jour les voies de reconversion de la rubanerie vers les textiles techniques dans le domaine de la santé, de la sécurité et des transports.
La collection de tableaux tissés
L’une des collections les plus étonnantes du musée d’Art et d’Industrie dans le domaine textile est celle des sujets tissés. Etablie en annexe de la collection de rubans qui atteint aujourd’hui presque deux millions de pièces et se place au premier rang mondial dans la spécialité, cette collection rassemble des “ tableaux tissés ”, des menus, des images et imagettes, des signets, des rubans à disposition de médaillons, appartenant au domaine technique du façonné et parfois rehaussés de décors brochés. Vitrine de l’innovation apportée par la mécanique Jacquard, l’image tissée, summum de l’art industriel du façonné, est un morceau de bravoure. La collection du musée comprend environ 900 pièces qui illustrent par ailleurs la diversité des usages: livre de prières, sachet à parfum, signets, marque-pages et insignes maçonniques.
La collection mode
Un fonds plus spécifique au milieu de la mode et de la haute couture contemporaine se constitue progressivement depuis 2002. Cette collection se singularise au travers d’acquisition de pièces vestimentaires uniques où mode contemporaine et ruban ne font qu'un. Autrement dit le ruban n’est pas seulement une garniture, un élément décoratif, mais il se révèle être la structure même du vêtement.
Leurs acquisitions s’inscrivent dans le double objectif d’élargir les collections textiles au-delà des échantillons de rubans et de développer des collaborations avec des créateurs. Autour de relations de confiance et de reconnaissance, il s’agit aussi d’inciter au don les créateurs de mode, témoins de notre temps, et d’inviter les visiteurs à la découverte de ces pièces uniques dits “ prototypes ”. Le musée conserve ainsi une soixantaine de modèles de créateurs différents comme Franck Sorbier, Maurizio Galante, Chanel, Eymeric François, la maison Martin Margiela, Marithé et François Girbaud ou Elsa Esturgie crées entre 2001 et 2012 mais repérés et acquis au moment de leur création.
Chaque pièce fait l'objet d'une documentation détaillée permettant de remonter si possible jusqu'au fabricant de rubans. Cette collecte a donné lieu à l'automne 2006 à une grande exposition intitulée « Les enrubannées » dont l'objectif était de révéler au grand public les usages de la rubanerie contemporaine. Une sélection de produits représentatifs de la production rubanière contemporaine mettait en exergue la présence et la créativité des entreprises stéphanoises aujourd'hui encore.
Une collection de gravures et de journaux de mode complète cet ensemble et témoigne de l'usage des rubans dans la mode du Second Empire à la fin des années 1970.
La collection de machines et de modèles réduits
Le musée d'Art et d'Industrie de Saint-Etienne conserve une collection de machines et d'accessoires textiles liés à l'histoire textile régionale de référence dans ce domaine et singulière en Rhône-Alpes. Cet ensemble couvre toute la chaîne opératoire de fabrication du ruban.
Ils illustrent la diversité des techniques et des inventions accumulées dans ce domaine . Cet ensemble d'ateliers et de machines uniques, a été collecté dans le cadre des études ethnologiques menées dans les années 1980 par Nadine Besse, conservateur du musée. Il comprend environ 200 machines. Une grande partie des ateliers ont fait l'objet de couverture photographique, tandis que les savoirs-faire mis en œuvre au moment de la collecte ont fait l'objet d'enregistrements vidéos.
De nombreux passementiers propriétaires des ateliers ont été interviewés. Cette collection est de fait d'un grand intérêt au regard du patrimoine matériel et immatériel de la fabrique stéphanoise. Ces machines concerne les processus de tissage ( rubans, soierie, tresses, tricot), de préparation du fil et de conditionnement des textiles étroits. Les machines exposées au Musée sont en état de marche et font l'objet de démonstration régulière par les bénévoles, d'anciens passementiers de la région. Cet ensemble est complété par une cinquantaine de modèles réduits liés au tissage collectés par le musée au 19ème siècle qui étaient destinés à l'enseignement technique. On peut y noter des modèles réduits rares de Vaucanson, Marin ainsi que des modèles réduits chinois rapportés de Chine par Isidore Hedde lors de la mission commerciale en Chine en 1843-1846.
Les documents graphiques
Le musée d'Art et d'Industrie conserve une imposante collection de documents graphiques relatifs au processus de création des rubans. Il comprend essentiellement des esquisses, des mises en cartes et des empreintes concernant des fabricants stéphanois.
Cette collection se compose d'un peu plus de 8000 pièces des 19ème et 20ème siècles de fabricants célèbres comme Troyet, Bastie, Fraisse-Merley, Charles Rebour ou Staron. La diversité, la richesse et la qualité des motifs souligne l'excellence des dessinateurs de rubans travaillant pour l'industrie rubanière formés pour la plupart à l'Ecole des Beaux-Arts de Saint-Etienne.
La collection de mises en carte se compose de trois donations, celles des maisons Fraisse-Merley, Neyret et Staron et illustre le travail du metteur en carte. Ces trois fonds comprennent environ 10 000 pièces. L'ensemble le plus remarquable est le fond Neyret qui comprend les monumentales mises en cartes des tableaux tissés des maisons Neyret et Bodoy-Guitton.
Les collections annexes
A côté des collections de rubans, le département textile conserve également des collections historiques collectées par le musée pour servir de source d'inspiration aux ouvriers d'art et aux dessinateurs de fabrique. Ces modèles comprennent à la fois des pièces de tapisseries, de soieries, de tissus brodés et d'autre pièces historiques dont la qualité et la finesse technique devaient permettre aux ouvriers d'améliorer les rubans créés pour la fabrique. Plus récemment, le musée a collecté les bannières, drapeaux, draps mortuaires et autres petits objets relatifs aux sociétés de secours mutuel du département de la Loire au 19ème et 20ème siècles. Ces chefs d'oeuvres textiles, donnés par la Mutualité Française de la Loire, illustre la vivacité de ce mouvement dans le département qui fut l'un des plus dynamiques dans ce domaine.